Quatrain glossé 2014
La glose
A - Définitions
1 - La glose: Petit ouvrage de poésie qui est une espèce de parodie* de la pièce d'un autre auteur, dont on répète un vers à la fin de chaque stance; en sorte que la glose a autant de stances que le texte a de vers.( ex: La glose de Sarrasin sur le sonnet de Job.) Les poètes espagnols ont fait beaucoup de gloses. ( Dictionnaire de l'Académie Française, 8ème édition )
2 - La glose : Parodie* rimée d’une pièce de poésie dont on répète un vers à la fin de chaque stance.( wiktionary ).
* Parodie: Texte, ouvrage qui, à des fins satiriques ou comiques, imite en la tournant en ridicule, une partie ou la totalité d'une œuvre sérieuse connue. (CNRTL-TLF)
B - Historique
La Glose paraît avoir été introduite en France avec Anne d'Autriche ( 1601 - 1666 ) et les Espagnols. Au reste, elle ne s'est jamais bien acclimatée chez nous, et le seul exemple qui mérite d'en être conservé est la Glose composée par Sarrasin sur le Sonnet de Job.( PTV -Poésie sur la toile - Wikipédia ))
C - Composition
On peut établir un schéma global en partant de la Glose la plus connue, celle de Jean-François Sarrasin
(1614 -1654 ) sur le sonnet de l'écrivain et dramaturge français Isaac de Benserade
(1612 -1691)
=> Le premier quatrain du sonnet: « Sur Job » de Benserade Job, de mille tourments atteint,............1 Vous rendra sa douleur connue..............2 Et raisonnablement il craint..................3 Que vous n'en soyez point émue............4 => La Glose de Sarrasin
Monsieur Esprit, de l'Oratoire, Vous agissez en homme saint De couronner avec gloire Job de mille tourments atteint..........1 L'ombre de Voiture* en fait bruit, Et s'étant enfin résolue De vous allez voir cette nuit, Vous rendra sa douleur connue..........2
C'est une fâcheuse vue, La nuit, qu'une Ombre qui se plaint; Votre esprit craint cette venue, Et raisonnablement il craint..............3 Pour l'apaiser, d'un ton fort doux, Dites: j'ai fait une bévue, Et je vous conjure à genoux Que vous n'en soyez pas émue...........4
=>Les quatre premiers vers du Sonnet sont placés, à tour de rôle, à la fin des quatre quatrains de la Glose ; ce qui donne: ( 3vers + V1) ; ( 3vers + V2 ) ; ( 3vers + V3) ; ( 3vers + V4)
Remarques:
a- La formule du quatrain « glosé » est : ABAB ( rimes croisées ) b- Les quatrains de la Glose sont tous à rimes croisées. c- Pas d'alternance des rimes ( M/F ) au passage d'un quatrain au suivant d- Le poème en entier compte 4 x 14 = 56 vers. Ajoutés aux 14 vers du sonnet, cela donne une pièce poétique de 70 vers au total.
* Sarrasin, qui nourrissait un sentiment de jalousie contre Isaac de Bensérade (1612 -1691) et Vincent Voiture (1597-1648 ) rivalisait avec ces deux poètes.
=> Les strophes de la glose peuvent être des quatrains, des quintils, des sizains...etc.
=> Plus le texte parodié est long, plus la glose est longue; surtout si l'on opte pour des strophes de cinq vers ou plus; ce qui risque de devenir ennuyeux. Mieux vaut donc gloser sur un texte court ( de 3 à 5 vers ) en stances de 4 à 6 vers.
D - Complément
* Il n'est pas nécessaire de faire de la glose une parodie. On peut développer les vers empruntés sans les tourner en ridicule.
* On peut composer soi-même les vers sur lesquels gloser ( dans le sens de commenter, sans malveillance ).
*Un exemple : une glose de Saint Jean de la Croix où il développe trois vers en trois neuvains.
Sans appui et appuyé,........................1 sans lumière et dans l'obscur,...............2 tout entier je me consume..................3 1. Mon âme s'est dessaisie de toute chose créée, élevée au-dessus d'elle, dans une vie savoureuse seule à son Dieu arrimée. C'est pourquoi l'on peut bien dire ce que j'estime le plus, que déjà se voit mon âme sans appui et appuyée.......................1
2. Bien que je souffre ténèbres dans cette mortelle vie, mon mal n'est pourtant pas grand, car si de clarté je manque, je jouis d'une vie céleste ; l'amour dans semblable vie, plus aveugle il devient, plus tient l'âme en son pouvoir, sans lumière et dans l'obscur...............2
3. L'amour fait une œuvre telle depuis que je le connais, qu'au bien et au mal en moi, il donne même saveur, et transforme l'âme en lui ; En sa flamme savoureuse, que je sens brûler en moi, rapide, et ne laissant rien, tout entier je me consume..............3 Remarques :
1- Le texte original étant en espagnol; on ne peut avancer de remarques d'ordre prosodique ( La traduction ne s'y prête pas)
2- Les trois vers ( objets de la glose ) ont été repris comme refrains à la fin des trois strophes qui sont ici des neuvains; mais on peut opter pour d'autres stances ( de 4 à 12 vers ) tout en évitant la longueur qui risque de rendre trop ennuyeuse la pièce.
Cosmos et ses humeurs ....Forme la Glose quatrain de Anges Addison..Création photofiltre
De par les eaux troubles …Anges Addison
(13/06/2022…Sonnet à Kyrielle)
Je ne dors pas, je meurs près des épaves d'âmes
Des "si" se font la belle en pleurant mes revers
Quand je vomis mes nuits, ses fantômes pervers
L'aube va se lever de ses humeurs infâmes...
Cosmos et ses humeurs
Le cosmos est si grand comment pouvoir l’aimer ?
Que me faut-il penser au foyer de ses flammes ?
Le silence oublié que l’on croit ranimer
Je ne dors pas, je meurs près des épaves d’âmes.
Pas besoin de charmer ces étranges fragrances
Quand s’étend loin de nous l’invisible univers
Puis le monde rugit sur les odeurs intenses
Des « si » se font la belle en pleurant mes revers.
Ne soyez pas d’instinct abreuvé d’une source
Pour enfin que la soif se fasse de travers
À poursuivre la route et dans un pas de course
Quand je vomis mes nuits, ses fantômes pervers.
La lune ronde et blanche a gravé mes secrets
Où faut-il que l’attente ait couvert nos sésames ?
L’infini sombre soir vient nourrir ses attraits
L’aube va se lever de ses humeurs infâmes…
Maria-Dolores
Érato au cœur d'une fable ....Forme la Glose...Création photofiltre
Mortagne en poésie
Un habile poète, on ne peut plus affable,
Nous a conté Mortagne et son écrin d’argent,
où tout un petit peuple, adorable régent,
S’est réveillé soudain dans le cœur d’une fable !
Annie
Forme la Glose
Érato au cœur d’une fable
Érato nous concocte un poème s’ouvrant
Sur la terre en suspend au songe ineffaçable
Que j’aime son hymen à l’âme découvrant
Un habile poète, on ne peut plus affable.
Chaque mot qui l’habite à charmer une ville
Couronnant l’infini dans cet art émergent
De sa bonté divine à trouver un asile
Nous a conté Mortagne et son écrin d’argent.
Comme un fief verdoyant d’une douce Sybille
Dans la lueur vermeille au doux lys engageant
Qu’il sublime un jardin dévoilant si futile
Un monde minuscule adorable régent.
Or, l’aède a chanté quelques notes de luth
Pour soigner tous les jours sur son âme fiable
Le matin d’un amour, au vent fort, azimut,
S’est éveillé soudain dans le cœur d’une fable.
Maria-Dolores
le bonheur des amants ...Forme la Glose ...Création photofiltre ...
Une larme (Sonnet élisabéthain) écrit en 2020
Béatrice Montagnac
Une larme en suspens au chagrin qui s’effeuille
Que le temps emprisonne au fer de la douleur
Tombe en poussière d'or sur l'âme qui l’accueille,
Celle de son amant qui rase leur bonheur.
Le bonheur des amants
J’ai connu bien des fois la misère en suspend
Mon espoir a souvent méconnu sur la feuille
Un poème où l’été sans défaut se répand
Une larme en suspens au chagrin qui s’effeuille.
J’ai suivi d’un regard le souvenir d’un ange
Qui chantait chaque nuit dans le creux de mon cœur,
Tout comme une tendresse au son d’une louange
Que le temps emprisonne au fer de la douleur.
Maintenant je me noie en la vive rumeur,
Étouffant mon destin à l’ombre que l’on cueille
Me plongeant dans l’émoi qu’une simple clameur
Tombe en poussière d’or sur l’âme qui l’accueille.
Mais voici que l’ivresse a suivi sous la lune
La chaleur de ces mots qui charme tout honneur
À l’ombre d’Érato respirant la fortune
Celle de son amant qui rase leur bonheur.
Maria-Dolores
Dans un tombeau...Forme le quatrain Glose ...Création photofiltre
Victor HUGO
1802 - 1885
Claire
Claire le poème de Victor Hugo
Quoi donc ! la vôtre aussi ! la vôtre suit la mienne !
O mère au cœur profond, mère, vous avez beau
Laisser la porte ouverte afin qu'elle revienne,
Cette pierre là-bas dans l'herbe est un tombeau !
Dans un tombeau
J’observe au crépuscule un bel éclat de nuit
La lune sous la nue éclot aérienne
Dans le noir épuré s’étend sans aucun bruit
Quoi donc ! la vôtre aussi ! la vôtre suit la mienne.
J’attends jusqu’au matin l’autan qui manifeste
Une bise infantile humide comme l’eau
Invisible sourire en ce chemin funeste
Ô mère au cœur profond, mère vous avez beau.
Il est temps de pleurer de sorte que le vent
Rappelle à la saison que l’ombre nous advienne
Sous la montée en source au doute du levant
Laisser la porte ouverte afin qu’elle revienne.
Puis viendra le moment d’admirer à l’aurore
Le souffle qui sur nous, retient dans un flambeau
Le parfum de la moire au songe qu’on honore
Cette pierre là-bas dans l’herbe est un tombeau.
Maria-Dolores
Alfred de Musset ...Lettres A George Sand...(1810-1857)...Glose en tercet à rimes triplées
Image de Damien Barboni
sur
Te voilà revenu, dans mes nuits étoilées,
Bel ange aux yeux d'azur, aux paupières voilées,
Amour, mon bien suprême, et que j'avais perdu !
J'ai cru, pendant trois ans, te vaincre et te maudire,
Et toi, les yeux en pleurs, avec ton doux sourire,
Au chevet de mon lit, te voilà revenu.
Alfred de Musset ...Lettres A George Sand...(1810-1857)
Alfred de Musset lettre à George Sand.
En pensée, un voyage aux âmes dévoilées
Sous la brume océane en ces vagues roillées ;
Te voilà revenu dans mes nuits étoilées ;
Tu laisses dans mon cœur, toutes larmes coulées,
Qui retient le silence en ces voix envolées
Bel ange aux yeux d'azur aux paupières voilées ;
Je me voyais déjà mourir là distordu
Tout espoir de revoir ton sourire entendu
Amour mon bien suprême, et que j'avais perdu !
La solitude mène au destin qui soupire
Et las de désespoir je n'entends plus rien dire
J'ai cru pendant trois ans , te vaincre et te maudire,
Vainement je n'ai plus ce regard qui chavire
Devant ton beau minois je rêve et je respire
Et toi, les yeux en pleurs, avec ton doux sourire,
Mais je n'ai plus le temps que n'ai-je contenu !
En l'écrin de ton cœur écoutes l'ingénu
Au chevet de mon lit, te voilà revenu.
Maria-Dolores